samedi 19 février 2011

Hymne aux désinvoltes discordances.

  Est-il possible que la notion de liberté admette un productivisme malsain, soit intellectuel, soit matériel, qui, au même titre que l'esclavagiste, soumet les hommes et asservit leurs âmes ? L'Homme aurait-il, au nom d'un progrès superflue, troqué son humanité contre une rigueur dissonante concordant avec celle de la machine ? Sommes nous, de ce fait, devenus des objets manufacturés visant faussement l'aisance et l'allégresse ? Faut-il se convaincre alors que notre premier cris a su être celui du boulon grinçant, qui de l'usine attendait l'huile et la tenaille ? Quand bien même, du fait d'un conditionnement néfaste, nous parvenons à nous sentir purifiés d'avoir usé de notre personne en faveur d'une civilisation qui asservie les foules, qu'en est-il de nos vies ? A l'agonie, ressentirons-nous la satisfaction ardente d'avoir soutenu le rôle d'engin mécanique ?

Non.

  Au nom de quoi tout cela ? Il me semble nous nous sommes changés en ces tristes addictes, dépendants à la substance répugnante que l'on nomme l'argent... Ce dernier dont l'écho promet une réussite sociale insensée. Est-il vrai que tu sauras financé mes antidépresseurs, de même que la putain qui s'accable d'obscénités saura assurer ses dépendances ? A vous qui blâmez la prostitution, en se vantant d'accomplir votre déchéance. Alors quoi ? "Travailler plus pour gagner plus" ? Donner un peu plus encore de son temps, de son éclat  pour se satisfaire de l'éphémère, qui au fils du temps creusera nos cœurs et nos esprits. L'éphémère bien nécessaire, comme nous l'indique les publicitaires, n'est-ce pas ?


"Nous sommes la merde de ce monde prête à servir à tout."


jeudi 17 février 2011






Plop.





      Dernièrement, Cerise et Myrtille m’adressaient quelques regards déconcertés tandis que j’entreprenais le rituel matinale, à savoir l'entretien du superflu corporel. « Oh, je sais bien ce que vous vous demandez mes chères petites candides animales ! Je vous rassure, il est bien normal que vous ne compreniez pas ces poudres colorées et ces quelques autres pinceaux farfelus :  c’est chose là n’appartiennent qu’aux humains. D’ailleurs il serait bien trop ridicule que vous puissiez en faire de même ! Réfléchissez, voyons ! » Je crois que d’une certaine manière, elles étaient suffisamment intelligentes pour comprendre la fierté nauséabonde dont je m’étais parée. Cependant que je m’attardais sur les finissions pigmentées, je sentais le regard lourd des deux chattes se poser sur moi… « Eh bien ?  En voilà un regard hautain… Dis donc, c’est qu’il s’apparente à celui que je vous lance si souvent ! » J’ai cru presque entrevoir dans leurs yeux de félines, que je peinais d’ailleurs à imiter, bien que munie de nombreux fards, entrevoir dans leurs yeux disais-je, un certain acquiescement. 

  
     C’est alors que dans l’immédiat, j’entreprenais une réflexion sur l’inutilité de tout ces accessoires. « Mais bien sûr qu’elles ne comprennent pas ! C’est-à-dire qu’elles appartiennent toutes deux à l’intelligence suprême, celle qui s’extirpe, farouche, de tout cet engouement maladif que suscite la beauté, en ne lui accordant que la profonde indifférence que la vanité mérite. Ni plus, ni moins. » Ma réflexion si vive exigeait alors quelques sourires fiers et l’illusion d’un certain nombre d’applaudissements acharnés… Jusqu’à ce que je me surprise, dans un élan d’amour-propre absolu, dans le miroir réfléchissant. « C’est-à-dire, que tout cela me rend parfois si jolie, je ne voudrais pas délaisser tant de… D’ailleurs Bouddha disait lui-même qu’il fallait gouter au charnel et à la possession pour pouvoir s’en détacher… Alors pourquoi ne pas profiter encore un peu des plaisirs matérialistes ? Je finirais bien par les jeter par la fenêtre, m’entichant d’une rage passionnée allant à l’encontre de ce prosaïsme répugnant ! Non ? » Cerise n’avait pas tout à fait l’air de cet avis, étant donné le miaulement rageur qu’elle me lançait.


    « Oui, je crois que tu as raison. Tout ce superflue vise en fait à contredire la condition humaine, de même que t‘enfiler à toi quelques jupons serait des plus risible. Il me semble bien que nous sommes nés avec la plus grande médiocrité vestimentaire qui soit ! Médiocrité ? Que dis-je ? Avec le plus grand dénuement parfait dont nous devrions en fait nous contenter ! Je crois que tout cela m’arrache la sincérité pure dont ma mère m‘avait fait don lorsque, par césarienne, je m‘extirpais de son ventre joyeux. L‘apparence n‘appartient qu‘à ceux en ont besoin. Ceux qui se pensent l‘âme répugnante et le cœur indésirable…» Dans un ronron fracassant, Myrtille se frottait à ma jambe en signe d’affection. Subjuguée par tant d’amour, je l’étouffais de mes baisers baveux. Cependant, je remarquais sur son poils quelques taches rougeâtres que le pigment sanglant de mes lèvres avait laissé échapper. Dans un réflexe alarmé, j’interrompis l’étreinte et m’assurait que mes lèvres était tout aussi bien définie qu'avant. « Après tant de discours, tu te montres toujours aussi artificieuse ! Mais si seulement… Si seulement je parvenais à expliquer mon amour pour ces choses là. En fait, l’Homme est esthète et il me semble qu’il n’a fait que se plier, naturellement, à la fatalité coquette, qui, les dents blanches et parfaitement alignées, lui souhaitait la bienvenue dans ce monde répugnant qu’est celui de la superficialité. »



lundi 14 février 2011




Au Ciel, dont la beauté relève de l’infamie. Au Ciel dont la splendeur succède à la prétention et dont l’éclat mélodieux contredit notre génie. 

Le regard pluvieux, la chaire esquintée, j’ingurgite tendrement les cadavres recomposés, industrialisés, désemballés. Mon portrait décoloré, esquinté, se mêle à la lassitude du jour morose.Il pleut, je crois. Du haut de l'éther, épuisées, les gouttes, s'anéantissent au  fin fond du vide abyssale de mes regards. Il ne reste que ça, le témoignage d'un ciel insensible qui se rit des névroses mortelles... 


Comprends-tu seulement que ta figure suprême renvoi à la médiocrité de mon espèce ?


L'exquise fraicheur matinale et ses brises amusées arrachent aux arbres leurs feuilles somnolentes. Au loin, un morne soleil, dont les rayons froids chagrinent la nature navrée. Amer, le vent engendre ma nausée. Acerbe, les feuilles se meurent. Au loin, quelques nuages serein, qui contredise les gravités planétaires, niant la déchéance. 

Céleste, tes nues divines épient mon souffle, tandis que l’asphyxie terrestre m’enlace, élancée. 

Ciel, toi dont l'abondance émotionnelle, dont l'utopie exacte, suscite mon dédain misanthrope. Ciel, toi dont la beauté rejoint le songe, dont l'onirisme inspire la poésie, la cadence qui contre les débauches sinistres. Lointain, tu me laisses inutile parmi les fous et leur frénésie, leur discours éreintés proclamant l'absurde et l'obscène.

vendredi 4 février 2011

Le soleil est verdoyant et le ciel vagabond. Qu'il est bon de vivre en dormant...



La nuit dernière, je rêvais d'un poulain dont le poil était teinté d'un bleu agréablement verdâtre. Il m'arrachait, exalté, quelques plaintes amusées. La familiarité décidée, il s'élançait, telle une vague au creux d'un gouffre, sous mon bras fragile, m'extirpant quelques protestations agacées, éreintées, déchirées... En cela, il avait l'innocence et la mièvrerie d'un écolier, tandis qu'une fantaisie rare chatoyait sous sa paupière argentée, déjantée. Il semblait y abriter quelques psychoses assassines, quelques autres névroses incendiaires alors que sa candeur apparente lui épargnait la pendaison. 

"Mais alors ? N'avait-elle pas de meilleure idée que de nous faire part d'un poulain halluciné pour son premier article ?"

Rien n'aurait été plus intéressant à vous conter, et je n'ai ni l'envie de vous souhaiter la bienvenue, ni l'envie de m'en repentir. Bien à vous.

Ps : Je me doute bien que l'image ne s'accorde pas à celle d'un poulain !
Puisque c'est un escargot.